Skip to main content

pharmaco-medicale

Site du Collège National de Pharmacologie Médicale

Quétiapine

Résumé de la fiche

La quétiapine est un antipsychotique de seconde génération, dont la structure est proche de la clozapine. La quétiapine est un antagoniste à la fois des récepteurs sérotoninergiques 5-HT2A et dopaminergiques D2. La norquétiapine, son métabolite actif agit sur la recapture de la noradénaline. Selon la posologie, la quétiapine est utilisée pour ses propriétés antidépressives ou antipsychotiques.


Comme tout antipsychotique ses effets utiles en clinique concernent essentiellement les psychoses schizophréniques, mais également les troubles bipolaires avec une efficacité à la fois sur les épisodes maniaques et dépressifs.


L'absorption de la quétiapine est modifiée par l’alimentation, il est donc recommandé de prendre la quétiapine en dehors des repas. Elle est fortement métabolisée au niveau hépatique par les cytochromes CYP3A4, ce qui est à l’origine de nombreuses interactions pharmacocinétiques.

Item(s) ECN

61 : Trouble schizophrénique de l’adolescent et de l’adulte
72 : Prescription et surveillance des psychotropes
326 : Prescription et surveillance des classes de médicaments les plus courantes chez l’adulte et chez l’enfant

Médicaments existants

La quétiapine est commercialisée sous le nom de Xéroquel®.

Effets utiles en clinique

La quétiapine est indiquée dans :
- la schizophrénie
- le trouble bipolaire (épisodes maniaques, épisodes dépressifs et prévention de la récidive)
- le traitement du trouble dépressif caractérisé ayant répondu de manière insuffisante à un antidépresseur en monothérapie, en traitement adjuvant 

Pharmacodynamie des effets utiles en clinique

La quétiapine est un antipsychotique de seconde génération, la norquétiapine son métabolite actif. Sa structure est proche de la clozapine.
La quétiapine et la norquétiapine sont des antagonistes des récepteurs sérotoninergiques (5HT2) et dopaminergiques D1 et D2. On considère que c’est ce double antagonisme des récepteurs, avec une sélectivité plus forte pour les récepteurs 5-HT2 par rapport aux récepteurs D2, qui contribue aux propriétés antipsychotiques cliniques et à la faible tendance de la quétiapine à engendrer des symptômes extrapyramidaux (EPS) par comparaison aux antipsychotiques de première génération.
La norquétiapine, métabolite actif de la quétiapine, possède des propriétés phramacologiques propres : elle inhibe la recapture de la nordadrénaline et possède des actions antagonistes 5-HT7, 5-HT2C, α2 et agoniste partiel 5-HT1A.

Selon la forme galénique et la posologie utilisées, la quétiapine agit différemment.
Sous la forme LP (seule forme disponible en France), à la dose de 300mg/jour, la quétiapine atteint plus lentement son pic plasmatique qu’avec la forme LI avec une occupation rapide de 60% des récepteurs D2 sans la sédation connue avec la forme LI. A la posologie maximale de 800mg/jour, la forme LP maintient une occupation D2 efficace jusqu’à la prochaine prise. La forme LP est ainsi idéale pour un antipsychotique avec moins de sédation liée au pic plasmatique et une durée d’action se prolongeant toute la journée.

A faible dose (300mg), la quétiapine apparaît davantage comme un antidépresseur indiqué chez les patients bipolaires ou atteints de troubles dépressifs majeurs via les propriétés de blocage de la recapture de la noradrénaline et antagoniste 5-HT2C. A dose plus élevée (800mg), ce sont les propriétés antipsychotiques qui prédominent avec une saturation complète des récepteurs H1 et 5-HT2A et avec une occupation de plus de 60% des récepteurs D2.

Affinité des récepteurs :

+++ : H1, α1

++ : 5-HT2B, M3, M1, 5-HT2A, NET, 5-HT7

+ : 5-HT1E, 5-HT2C, D1, M4, 5-HT1A, α2C,  D3, α2A, D2, 5-HT1D, α2B,  M2, 5-HT6.

Caractéristiques pharmacocinétiques utiles en clinique

Absorption
L'absorption de la quétiapine est modifiée par l’alimentation : un repas riche en graisse augmente de 50% la Cmax et de 20% l’AUC.
Il est donc recommandé de prendre la quétiapine en dehors des repas.

Distribution
La quétiapine se lie pour 83% aux protéines plasmatiques.

Métabolisme
Elle est fortement métabolisée au niveau hépatique par les cytochromes CYP3A4. Son métabolite actif est la norquétiapine.

Elimination
La demi-vie d'élimination de la quétiapine est de 7h environ et de 12h pour la norquétiapine.
L’élimination est majoritairement urinaire.
Chez les personnes âgées, la clairance de la quétiapine est inférieure de 30 à 50% à celle observée chez des adultes entre 18 et 65 ans.

Source de la variabilité de la réponse

Interactions médicamenteuses 


Interactions pharmacodynamiques : La prudence est recommandée lorsque la quétiapine est utilisée simultanément avec des médicaments susceptibles de perturber la balance en électrolytes, d'allonger l'intervalle QT, les médicaments d'action centrale et l'alcool.

Interactions pharmacocinétiques : Les paramètres pharmacocinétiques de la quétiapine sont modifiés par l’administration concomitante d’inhibiteurs du CYP3A4. Par conséquent, l'administration concomitante de quétiapine et d'inhibiteurs du CYP3A4 est contre-indiquée. A l’inverse, l'utilisation concomitante de quétiapine et d'un puissant inducteur des enzymes hépatiques, diminue significativement les concentrations plasmatiques de quétiapine, ce qui peut affecter l'efficacité du traitement.

Réponse des populations physiologiques particulières
Peu de données sont disponibles sur l'utilisation de la quétiapine au cours de la grossesse. Des symptômes de sevrage néonataux ont été décrits après exposition pendant la grossesse. L’administration de quétiapine durant la grossesse ne devra être envisagée que si les bénéfices escomptés prévalent sur les risques encourus
En raison du risque de passage dans le lait maternel, l’allaitement est déconseillé pendant la durée du traitement.

Chez les enfants et les adolescents de moins de 18 ans, l’utilisation de la quétiapine n’est pas recommandée, en raison d’un manque de données. 
Chez le sujet âgé, la quétiapine doit être utilisé avec précaution, en particulier lors de l'instauration du traitement. La vitesse d'ajustement de la posologie peut être plus lente et la dose thérapeutique quotidienne plus faible que celle utilisée chez des patients plus jeunes.


Réponse des populations pathologiques particulières
La quétiapine est largement métabolisée par le foie et doit dès lors être utilisé avec précaution chez les patients présentant une insuffisance hépatique, en particulier pendant la période d'adaptation posologique. Chez les patients présentant une insuffisance hépatique, la dose initiale sera de 50 mg/jour.

Situations à risque ou déconseillées

Hypersensibilité au principe actif ou à un excipient
Administration concomitante d'inhibiteurs du cytochrome P450 3A4 (inhibiteurs de la protéase du VIH, les antifongiques azolés, l'érythromycine, la clarithromycine et la néfazodone) 

 

Précautions d’emploi

La quétiapine doit être administrée avec précaution chez les patients présentant une maladie cardiovasculaire connue, une maladie cérébrovasculaire ou tout autre facteur prédisposant à l'hypotension. Un schéma d'ajustement plus lent peut être envisagé chez les patients présentant une affection cardiovasculaire sous-jacente.
Le syndrome malin des neuroleptiques a été associé au traitement par antipsychotiques, y compris la quétiapine. Une hyperthermie inexpliquée doit faire envisager un syndrome malin.
Les antipsychotiques risquant d’induire un allongement de l’intervalle QTc, il est nécessaire de s’assurer de l’absence de facteurs de risque pouvant favoriser la survenue d’un trouble du rythme. Il est recommandé d’effectuer un ECG dans le bilan initial des patients devant être traités par un antipsychotique.

Effets indésirables

Troubles neurologiques
- Syndrome extrapyramidal

- Dyskinésies tardives (peu fréquentes)



Troubles endocriniens et métaboliques

- Hyperprolactinémie
- Perturbation des hormones thyroïdiennes

- Augmentation de l’appétit, prise de poids

- Hyperglycémie
- Augmentation triglycérides et cholestérol

Troubles hématologiques
-    Leucopénie 
-    Diminution du taux d’hémoglobine et du nombre de neutrophiles
-    Augmentation éosinophiles


Troubles neuropsychiques

- Sédation



Troubles neurovégétatifs

- Hypotension orthostatique
- Effets anticholinergiques



Troubles cardiaques

- Allongement de l’intervalle QT (peu fréquent)

- Tachycardie (fréquent)



Plus rarement



Troubles cutanés

- Manifestations allergiques

- Photosensibilisation


Troubles généraux
- Syndrome malin des neuroleptiques



Troubles des organes de la reproduction

- Dysfonction sexuelle
- Priapisme
- Galactorrhée

Affections musculo-squelettiques
- Rhabdomyolyse

Surveillance des effets

La surveillance des taux plasmatiques de quétiapine n’a pas d’intérêt.

Compte-tenu des effets indésirables, notamment endocrino-métaboliques, la surveillance au long cours des antipsychotiques est clinique (poids, IMC, galactorrhée, etc..) et paraclinique (glycémie à jeun, bilan lipidique).

 

 

Imprimer la fiche

  • 30 mai 2018