Pharmacologie médicale: vue d'ensemble

Autres cibles

Un certain nombre de ligands (médicaments) ont des effets nucléaires et modifient la synthèse d’ARN messager et donc des protéines correspondantes. Les ligands concernés sont dans leur majorité des hormones stéroïdes, la testostérone, l'estradiol, la progestérone, les glucocorticoïdes, l'aldostérone, les hormones thyroïdiennes, les rétinoïdes et la vitamine D. Ces molécules hydrophobes sont capables de franchir les membranes et de se lier à des récepteurs intracellulaires qui sont nucléaires ou cytoplasmiques dans certains cas.

Fig. 1 : représentation simplifiée des récepteurs nucléaires

2.2.6.figure1

Ce système de transduction permet de fixer le messager sur un récepteur associé à l'ADN dont il module l'activité transcriptionnelle.

Ces récepteurs nucléaires sont normalement liés à une "protéine du choc thermique" ou protéine chaperonne (heat shock protein, HSP 90) qui les inactivent. La formation du complexe récepteur-hormone libère l'HSP 90 et permet à deux récepteurs de s'associer en dimère avec leurs ligands. Ce complexe va alors se lier à l'ADN en reconnaissant des séquences nucléotidiques spécifiques du promoteur (HRE : Hormone Responsive Element) aboutissant à l'activation ou la répression de la transcription d'ADN en ARN messager. Il s’en suit une modification de la synthèse protéique.

Dans le cas des hormones thyroïdiennes, la thyroxine (T4) est métabolisée par la 5'-désiodase en trio-iodothyronine (T3) qui passe alors dans le noyau pour se fixer sur son récepteur. Celui-ci, contrairement aux récepteurs des stéroïdes, ne met pas en jeu l'HSP 90 et est synthétisé directement sous une forme présentant une haute affinité pour l'ADN.

Un certain nombre de médicaments ne se lient pas à des récepteurs, des enzymes ou des canaux ioniques et leur mécanisme d’action se résume le plus souvent en termes d’interactions physiques et/ou chimiques :
- certains médicaments, utilisés pour traiter les troubles gastro-intestinaux, adsorbent des substances dans l’intestin. Ils peuvent modifier la consistance et le temps de transit du contenu intestinal ;
- les surfactants modifient les propriétés physiques des systèmes visés (ex : surfactant pulmonaire utilisé dans la maladie des membranes hyalines) ;
- la cholestyramine est une résine basique échangeuse d’ions qui est non résorbée et qui fixe les acides biliaires ;
- le mannitol peut être administré afin d’augmenter l’osmolarité des différents fluides corporels et provoquer ainsi des modifications de la distribution de l’eau. Il peut être utilisé en cas d’œdème cérébral ou pour traiter le glaucome à angle fermé.

Bactéries, virus, champignons et parasites constituent des cibles non humaines pour les médicaments. Dans leur majorité, les médicaments employés agissent sur des cibles qui sont propres à ces organismes mais dont les principes de fonctionnement s’apparentent à ceux des médicaments agissant sur les cellules humaines.